Concurrence racinaire et sécheresse : 2 ennemis du Non Travail du Sol !

J’ai eu cette année de très mauvais résultats sur les tomates installées sur 2 des 3 planches dédiées à cette culture. En revanche, les résultats obtenus sur la 3ème planche ont été meilleurs que d’habitude. L’itinéraire choisi étant à priori le même, les différences dans les résultats ont été un mystère pour moi jusqu’à ce jour où je décide de faire une analyse un peu plus approfondie du sol.

L’itinéraire que j’avais choisi pour ces 3 planches commençait à l’automne 2016 par une fumure de quelques cm recouverte de foin. Les plants de tomate avaient ensuite été mis en place en mai 2017 avec le choix de ne pas travailler le sol et de mettre les racines de leurs plants à 20 cm sous la surface. Puis je finissais par un bon arrosage et l’espoir que le sol vivant allait faire le reste.

Dès juin 2017, je m’alarmais de l’aspect chétif de mes plants dans les potagers centre et nord alors qu’au potager sud, le même itinéraire me donnait des plants magnifiques avec la promesse d’une belle récolte. La mise en route d’un goutte à goutte à chaque plant ne résolut pas le problème. Et en pleine canicule du mois d’août 2017, je me désespérais de n’avoir aucun espoir de récolte alors que le potager sud produisait en plein. Mais d’où pouvait bien provenir cette différence cruelle de fertilité ?

Quand j’analyse un sol, je le fais avec la grelinette et je me base sur l’observation de 4 caractéristiques simples :

  • La structure du sol : la terre est-elle assez friable pour permettre le développement des racines, la perméabilité à l’eau, les mottes peuvent elles être réduites facilement à la main en donnant des structures arrondies, sans arêtes vives…
  • Sa richesse en humus : y a t-il de l’humus, est-il bien lié à la terre et sur une profondeur suffisante pour bénéficier aux racines, y a t-il une stratification de l’apport en matière organique indiquant un mauvais mélange entre humus et argile
  • La vie du sol : y a t-il des vers ou des traces de passage de vers dans les mottes, y a t-il des traces blanches de mycorhize indiquant la dégradation des apports boisés
  • La concurrence des indésirables : y a t-il concurrence en surface, au niveau des racines, y a t-il des grosses racines provenant d’arbres voisins

Je me lance donc aujourd’hui dans l’analyse des planches ingrates. L’enfoncement vertical de la grelinette n’oppose aucune résistance. Je ne suis pas étonné car ce terrain, jusqu’à là régulièrement travaillé à la grelinette, a changé de structure en quelques années, passant de l’état de sol mort impénétrable à un sol aéré sur une profondeur de 20 à 30 cm. Par contre, le rabattement des manches de la grelinette me fait entendre le bruit caractéristique des racines de chiendent qui cèdent. Un peu plus loin, le mal empire au point de tordre une pointe de la grelinette. Ce n’est plus du chiendent mais une belle racine d’environ 1 cm de diamètre. En tirant dessus, je me retrouve au pied d’une vigne plantée il y a 2 ans à 1 m de là…

Le premier constat me paraît clair : ne pas travailler le sol avant de planter les tomates m’a fait passer à coté d’un nettoyage racinaire indispensable que je pratiquais pourtant régulièrement. La 3ème planche, très productive, est beaucoup moins attaquée par le chiendent et il n’y a pas de vigne à proximité. Mais pourquoi y aurait-il moins de chiendent ? Parce que j’y ai fait de la pomme de terre et que c’est un excellent moyen pour lutter contre le chiendent. Pas forcément la pomme de terre elle-même mais sa récolte impose encore de bien triturer la terre et d’enlever toutes les racines parasites. CQFD.

Mais ce n’est pas tout. A genoux sur ma planche, je décortique les mottes soulevées par la grelinette et observe ce que la terre comporte comme humus. Et je vois clairement des strates de matière organique constituée de foin et de fumier restées en surface et bien séparées de l’argile du sol. La sécheresse qui s’est installée depuis le printemps 2017 a figé les couches dans leur état initial et la vie du sol a reflué dans les profondeurs, empêchant la formation du complexe argilo humique. Là encore, le choix de ne pas travailler le sol n’a pas été le bon car les conditions n’ont pas permis à la nature de faire son travail. Mais pourquoi donc cela a t-il si bien marché dans la troisième planche ? Et je me souviens d’y avoir vidé au printemps 2017 tout le contenu de la piscine, sans son chlore depuis longtemps évaporé, ce qui a installé une humidité durable et permis de lancer le processus naturel de trituration.

Voilà, une fois de plus une expérience potagère me rappelle que le bon sens ne saurait être remplacé par un mode de culture « à la mode » ! Je continuerai donc à travailler (un peu) mon sol à la grelinette pour réduire la concurrence racinaire et aider au mélange sol-humus…

Fifi le jardinier

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Fifi *